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DIALOGUE / MIREILLE ROOBAERT x DENIS MEYERS

18.04.2019 - 29.05.2019
EXPOSITION COLLECTIVE
Peinture - Photographie

Cette exposition de photos-témoignages révèle à la fois le fruit d’une collaboration et d’une co-création entre Mireille Roobaert et Denis Meyers. C’est le dialogue imagé d’une photographe et d’un typographe.

Travail de mémoire vive, l’exposition fait le lien entre les mots graffés sur la pierre comme un cri éphémère, et le don de Mireille Roobaert pour les photographies d’architecture. Des 25.000 m² d’espoir et de spleen tagués par Denis en dix-huit mois sur les murs de l’ancien bâtiment Solvay destiné à être détruit, Mireille a conçu des anamorphoses, photos panoramiques prises à 360° et restituées à plat. Ces images sont ensuite devenues des œuvres monumentales, ou des light box rétro-éclairées, au cadre dessiné puis graffé par Denis, chacune en exemplaire unique.

A l’Hôtel Jam à Bruxelles, une œuvre de 4,50 mètres, qu’ils ont créée et signée à deux, est exposée au troisième étage.

L’exposition issue du projet global Remember/Souvenir sera produite dans la galerie d’Arielle d’Hauterives, dans la Tour Upsite, au même moment et à deux pas de la foire internationale Art Brussels. Cette expression de graffitis, née dans une maison en ruine, a été précédemment interprétée par 18 photographes, à travers leurs 18 regards. Depuis, le bâtiment Solvay a été rasé, mais reste de cette œuvre magistrale de Denis Meyers un livre collector, imprimé pour durer.

La rencontre entre les univers graphiques de Mireille et Denis s’est d’abord produite sans leurs protagonistes. Un jour, la photographe a vu passer une annonce d’Arkadia offrant une visite officielle du bâtiment recouvert de phrases courtes sorties des tripes de l’artiste. Elle s’y est rendue par curiosité, sans s’attendre à se trouver à ce point bouleversée par les mots mis en formes, et par l’ampleur du projet répandu sous ses yeux. « C’est rare et précieux, de voir grand, chez les Belges. J’ai été saisie par la puissance et l’esthétique de cette réalisation. Par la manière dont la monochromie a fait corps avec l’âme du bâtiment Solvay. »

De cette révélation, Mireille a imaginé un projet : elle a proposé de réaliser un travail de mémoire, d’autant plus important que l’immeuble était destiné à être démoli. Elle était impressionnée par l’artiste, mais plus encore par ses réalisations. Talentueuse et obstinée, elle a obtenu un accès libre à l’espace, y est revenue 25 fois peut-être, y compris avec un drone. En quelques mois, elle a effectué plus de 3000 clichés des mots (maux) de Denis, pour en retenir finalement 400. En couleur et noir et blanc.

Mireille Roobaert exposera ses photographies, avec toutes leurs dimensions de restitution de l’œuvre de Denis Meyers, ponctuées de sa propre narration. Sur deux étages dans un loft autant baigné de lumière que le bâtiment Solvay était plongé dans l’ombre, l’exposition comprendra une série de diptyques – une forme de dialogue, encore. Des photos circulaires, aussi, et trois catalogues qui reprendront l’ensemble de ce travail effectué à quatre mains, mais en différé.

A l’occasion du vernissage Denis Meyers mettra en vente l’une de ses œuvres en lien avec la première exposition à Solvay.

La destruction de ces mots était un critère intrinsèque au projet, mais cette réflexion d’une photographe d’architecture, dont le regard est formé à garder la trace de constructions pérennes, constitue le paradoxe de l’expression parallèle de ces deux artistes. Mireille estime que « Bruxelles avait besoin d’oser créer quelque chose d’aussi grands ». Pour le visiteur, c’est l’infinitif, le négatif et le définitif.

Texte : Elisabeth Clauss

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